Elections présidentielles 12 avril 2025: Une issue connue pour Oligui Nguema
Le 12 avril 2025, le Gabon se rendra aux urnes pour une nouvelle élection présidentielle. Un moment clé, censé symboliser la démocratie et l'alternance, mais qui, au regard des récents événements, laisse planer l’idée que l’issue du scrutin pourrait être déjà déterminée. Avec seulement quatre candidats autorisés à se présenter, une opposition fragile et un président de la Transition, Brice Oligui Nguéma, bénéficiant d’un large soutien populaire, cette élection ressemble davantage à une formalité qu’à une véritable compétition politique. À un mois de cet événement majeur, Les Hyperconscients proposent une analyse approfondie de la situation.
Une sélection qui soulève des interrogations
Parmi les nombreuses candidatures déposées, moins d’un tiers a été validé par la commission en charge de la vérification des dossiers. La majorité des candidatures rejetées l’ont été pour des raisons administratives, parfois jugées peu convaincantes. Prenons l’exemple de Jean Rémy Yama, un syndicaliste respecté, dont la candidature a été écartée en raison de l'absence de certains documents administratifs, comme l’acte de naissance ou le certificat de nationalité de ses parents. Jean Rémy Yama, dont les parents étaient encore sous le régime colonial, dénonce cette exigence comme injuste, voire inadaptée à sa situation. Cela soulève une question légitime : les critères administratifs ne sont-ils pas parfois utilisés pour exclure des candidatures qui pourraient potentiellement bouleverser l’équilibre politique ?
Des soutiens stratégiques pour Oligui Nguéma
L'un des principaux atouts de Brice Oligui Nguéma réside dans le soutien dont il bénéficie, non seulement au sein de la population, mais aussi parmi certains membres influents de la transition. Des personnalités comme Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre, ou Alexandre Barro Chambrier, ancien opposant devenu acteur clé du système, n’ont pas pu se porter candidats, mais leur influence et leur soutien à Oligui Nguéma jouent un rôle crucial. Leur absence dans la compétition ne constitue pas un rejet du président de la Transition ; au contraire, elle permet à ce dernier de bénéficier d’une stabilité politique et de renforcer son pouvoir en place. Ces soutiens internes sont un facteur déterminant qui peut expliquer la solidité de sa position actuelle.
Une opposition encore en gestation
En face, l’opposition peine à se structurer. Le cas de Billy Bi Nze, un ancien ministre sous Ali Bongo, en est l’exemple frappant. Bien qu'il ait pris ses distances avec le régime précédent, son long passé au sein de l’administration l’empêche de convaincre totalement une partie de la population. Son discours contre la gestion de la Transition et son repositionnement en tant qu’opposant sont reçus avec scepticisme, notamment en raison de son passé politique. Ce manque de crédibilité et de renouvellement est un défi de taille pour l’opposition, qui n'arrive pas à offrir une alternative politique suffisamment solide ou convaincante.
Le soutien populaire à Oligui Nguéma
Brice Oligui Nguéma, bien qu’il soit issu du coup d’État de 2023, a su, au fil des mois, séduire une partie importante de la population. La fin d’une dynastie politique de plus de 50 ans, symbolisée par le renversement d’Ali Bongo, a permis à l'actuel président de la Transition de se positionner comme un homme du changement. À cela s’ajoutent des actions symboliques telles que la renationalisation d’entreprises stratégiques et des projets de modernisation des infrastructures, qui ont renforcé son image de réformateur soucieux du bien-être de la nation.
Son approche, axée sur le rapprochement des différentes communautés religieuses et sur la mise en avant de l'unité nationale, lui a permis de gagner en popularité. Lors de certaines apparitions publiques, notamment lors de son anniversaire, il a su se montrer proche du peuple, notamment en célébrant avec des Gabonais dans les rues et en multipliant les gestes symboliques, comme sa présence dans des lieux de culte. Son discours d'unité et de fraternité a touché de nombreux Gabonais, qui voient en lui un président accessible et à l'écoute, renforçant ainsi son image de « père de famille » du pays.
Une élection sans réel suspense
Au final, cette élection du 12 avril semble davantage être une validation du pouvoir en place qu’une compétition électorale véritablement ouverte. Le processus de sélection des candidats, les soutiens solides dont bénéficie Oligui Nguéma et l’incapacité de l’opposition à proposer une alternative crédible placent l’actuel président de la Transition dans une position de force. Si le vote aura bien lieu, la question ne sera pas tant de savoir qui remportera, mais plutôt avec quelle ampleur Oligui Nguéma l'emportera.
Ainsi, même si l’élection reste un moment important pour la démocratie gabonaise, il apparaît que la véritable enjeu réside dans la légitimation du pouvoir déjà établi. Le 12 avril 2025, les Gabonais devront peut-être plus se poser la question de l'avenir que de l'identité du vainqueur.