Qui est vraiment Pascal Tigri ? À la découverte du mystérieux artisan du putsch qui a secoué le Bénin
Le 7 décembre 2025 a plongé le Bénin dans une atmosphère de tension inédite. Ce jour-là, un groupe de soldats a envahi la télévision publique pour annoncer la chute du gouvernement du président Patrice Talon, la suspension de la Constitution et la dissolution des institutions. Au centre de la scène, un visage inconnu du grand public : Pascal Éloge Tigri, lieutenant-colonel des Forces armées béninoises. En quelques minutes, cet officier discret est devenu le symbole d’une tentative de putsch qui allait secouer l’une des démocraties réputées les plus stables d’Afrique de l’Ouest.
Un officier discret devenu figure de rupture
Avant ce jour de décembre, Pascal Tigri ne figurait sur aucune liste de personnalités influentes ou connues de la scène politique béninoise. Officier de formation, il avait fait carrière au sein des forces spéciales de la Garde nationale, jusqu’à atteindre le grade de lieutenant-colonel. Il a notamment dirigé le 3ᵉ Groupement Interarmes, l’une des unités engagées dans les opérations de lutte contre l’insécurité dans le nord du pays, une zone marquée par la montée des attaques djihadistes.
Sa carrière militaire, bien que sérieuse, n’avait jamais laissé augurer une future irruption dans la sphère politique. Rien ne le destinait, en apparence, à prendre la tête d’un mouvement insurrectionnel de cette ampleur.
Les motivations des insurgés : entre frustrations militaires et critiques du régime
Les revendications présentées par Pascal Tigri et sa troupe sont multiples. Ils dénoncent la dégradation de la sécurité nationale, la mauvaise gestion des affaires publiques, le traitement réservé aux soldats engagés au front, et une restriction des libertés politiques. Ces griefs reflètent des tensions internes déjà connues, mais leur expression sous forme de putsch révèle un malaise plus profond au sein de certains segments de l’armée.
Pour autant, rien ne permet d’établir avec certitude l’existence d’un mouvement structuré ou d’un réseau politique derrière Tigri. À ce stade, il apparaît davantage comme la figure d’un mécontentement militaire que comme le porte-parole d’un projet politique cohérent.
Après l’échec : fuite de Tigri , incertitudes et tensions diplomatiques
Dès que la tentative de putsch est maîtrisée, les forces loyalistes procèdent à des arrestations massives dans les rangs des mutins. Pascal Tigri, lui, disparaît. Selon plusieurs sources médiatiques, il aurait franchi la frontière et trouvé refuge au Togo, plus précisément dans le secteur de Lomé 2, un quartier sensible où résident des responsables militaires et politiques.
Les autorités béninoises évoquent rapidement la possibilité d’une notice rouge d’Interpol, afin d’obtenir son extradition. Cette fuite ouvre un nouvel épisode, diplomatique celui-là, entre Cotonou et ses voisins, révélant que la tentative de putsch dépasse le simple cadre militaire pour s’inscrire dans une dynamique régionale plus complexe.
Un homme au cœur d’un moment de basculement
Malgré l'intense attention médiatique des premiers jours, le mystère autour de Pascal Tigri demeure entier. On sait peu de choses sur sa vie personnelle, ses réseaux, ou ses véritables ambitions. Même son parcours militaire, bien que réel et vérifié, reste relativement opaque.
Cette opacité n’est pas anodine. Elle reflète la manière dont certains officiers, jusque-là inconnus, peuvent se retrouver propulsés au-devant de la scène lors de crises politiques majeures. Tigri est devenu, l’espace d’un instant, le visage d’une faille dans l’appareil sécuritaire d’un pays qui croyait ses institutions solides et étanches.
Conclusion : un symbole plus qu’un homme
En définitive, Pascal Tigri n’est pas seulement l’auteur d’une tentative de putsch avortée. Il est devenu le symbole d’une crise plus profonde, née à l’intersection des frustrations militaires, des attentes démocratiques et des tensions régionales en Afrique de l’Ouest. Son apparition soudaine, sa disparition rapide et les zones d’ombre qui entourent son parcours laissent la porte ouverte à toutes les interrogations.
L’histoire retiendra probablement son nom comme celui du militaire qui, en quelques heures, fit vaciller l’illusion de stabilité du Bénin. Mais seule la suite enquêtes, témoignages, révélations politiques permettra de comprendre si Pascal Tigri fut un simple exécutant, un homme en rupture, ou le révélateur d’une fracture plus profonde qui couvait depuis longtemps.